15 démos à Game'in Reims – novembre 2024 – Reims
Maximum effort
photo Michaël Rocle pour Aux Portes de l'Imaginaire
Lorsqu'on m'a invité à participer à Game'in Reims, je me suis bien sûr renseigné sur le festival. De ce que j'en ai compris, une petite Japan dans le Grand Est. Je ne m'étais pas trompé, c'est exactement ça. Un gros supermarché éphémère manga + anime + gaming. Au milieu, un stand ludique, moitié platal, moitié JdR, pas loin d'une scène de k-pop. Pile-poil le set-up de la Japan 2022 avec la ffjdr. Je m'attendais à du rude, ne fus pas déçu.
Foule dans les allées, check. Brouhaha, check. K-pop à fond les ballons, check. Et une innovation, le graillon, ce petit souvenir que tu ramènes avec toi, incrusté dans tous tes vêtements, du t-shirt au slip. Autour de nous, pas mal de stands de bouffe. Il y en a aussi à la Japan, mais je n'ai jamais mené à leur contact. Comme je n'ai pas eu le temps de visiter Game'in Reims, je ne saurais dire si le placement du pôle ludique était optimal. Je subodore que non, la scène k-pop à moins de vingt mètres étant un sérieux indice. Souvent dans ces gros events, les assoces se retrouvent à boucher les trous entre des gros stands marchands.
Maîtrise sportive donc. On se caille un peu en matinée, mais ça reste gérable, même pour le Francilien frileux que je suis. Régulièrement, pour nous réchauffer sans doute, on se mange de la k-pop en mode vénère. Mon avis est que la k-pop est le death metal des gamines. Quand tu l'écoutes, c'est forcément à fond les ballons. En l'occurrence, des séquences de fan dance de plusieurs dizaines de minutes. Ça picote, je dois dire. Surtout que mon coin Sombre (un petit box tapissé de noir, la clâââsse) est tout à gauche du stand, c'est-à-dire le plus proche de la scène. Mais bon, ce n'est pas non plus comme si c'était mon premier festoche manga. J'en ai vu d'autres.
Donc je m'active. 15 démos dans le week-end, 8 le samedi, 7 le dimanche. Comment se fait-ce, demandez-vous ? Si je compare avec mes autres conventions de l'automne, y'a pas photo. À Thionville, 10 parties en deux jours. À Senlis, 9. À Rambouillet, 10. À Reims, moitié plus. Quelle est l'explication ? Elle est toute bête. À Reims, ils ont un Carl. Et un Carl, ça dépote. Tu le poses sur un guéridon à l'entrée de ton stand, il recrute à tour de bras. Rôlistes de France et de Navarre qui tournez en festivals, payez-vous un Carl, voire deux ou trois si l'event est si gros qu'il y a un flux énorme de visiteurs.
C'était un régal de le voir bosser. Une sorte de Johan générique. En conv, quand je n'ai pas l'appui d'un Carl, je fais moi-même de la retape pour Sombre. Recrutement après recrutement, cela finit par me bouffer plusieurs créneaux de jeu dans la journée, d'où le différentiel de parties entre Reims et les autres convs. J'ai des accroches et un argumentaire adaptés à mon produit, qui est un jeu d'horreur. Carl a les siens, tout aussi si ce n'est plus efficaces que les miens, mais orientés jeu de rôle en général. Il recrute pour l'ensemble du stand, dont la proposition ludique est plaisamment variée, de Cats aux Chroniques de l'Étrange en passant par Knight. À ce propos, il y avait des mégastars rôlistes sur place. Romain d'Huissier, que je n'avais pas recroisé depuis dix ans au moins, Cédric Lameire, l'un de ses co-auteurs, et Simon Gabillaud, un garçon adorable. Pour en revenir à Carl, lui et moi, parce qu'on fait la même chose depuis longtemps (ce n'était pas sa première année à Game'in Reims), avons développé des outils très similaires. Évolution convergente par nécessité et recherche d'efficacité. Hyper intéressant.
Comme il y a de surcroît un service de préinscriptions par Internet, qui remplit (au moins partiellement) certains créneaux, j'enchaîne comme un taré. Une démo par heure de l'ouverture à la fermeture. Briefing, jeu, promo, dix minutes de pause, rebelotte. Le midi, je mange en fractionné pour ne pas faire sauter un créneau, dix centimètres de sandwich après chaque partie. Parfois, quand il n'y a pas assez de joueurs, je profite de ma pause pour compléter ma table. Il arrive que la combo Carl + Johan fasse des étincelles. Samedi, en début d'aprème, on recrute si bien que je me retrouve avec une dizaine de joueurs (la photo qui illustre ce compte rendu). Du coup, je sors mon scénario Dracula. Nous le jouerons finalement à huit, deux jeunes joueuses me faisant défaut au milieu du briefing pour aller danser. Si la k-pop n'existait pas, je crois que je réfléchirais vachement avant de l'inventer.
Les autres parties, du Camlann. Quatorze en deux jours, sept le samedi, autant le dimanche. Record battu. L'explication ? En fait, il y en a deux. D'abord, les conditions de jeu difficiles, qui m'incitent fortement à dérouler mon scénario le plus simple. Ensuite, le public, composé à 80 % de jeunes adultes débutants. Beaucoup n'avaient pour seule expérience du jeu de rôle qu'une ou des parties à Game'in Reims, lors de précédentes éditions du festival. Cela veut dire que le hobby suscite assez d'intérêt pour que pas mal de gens y reviennent l'année suivante, voire année après année, mais pas suffisamment pour qu'ils décident de s'y mettre de leur côté. Ce qui en soi m'interroge. Ou plus exactement, me conforte dans mon idée que l'animation effraie. Je veux bien être joueur parce que je trouve ça cool, mais n'envisage pas une seconde de m'improviser meneur. Un frein majeur, principale limite intrinsèque au développement du JdR.
Bilan de ces deux jours ? Très positif. Conditions de jeu hardcore, mais public agréable. Tout plein de jeunes gens sympathiques. Des Camlann fort plaisants, dont certains très disputés. J'ai eu des émotions. Je gagne huit parties, en perd sept. Rien de déshonorant car je les mène toutes pour 5 joueurs, la config qui m'est la moins favorable. Sauf une à 4, où je donne quand même Perceval en joker. Trop sympa, le gars Johan.
Évidemment, grosse fatigue. C'est pas dur, samedi soir, je suis rincé. Pardon, reimsé. Je m'endors exactement trois secondes après m'être mis au lit. Dimanche à 7h35, réveil en sursaut. Les volets sont fermés, je crois être en milieu de nuit. Pas du tout, c'est le matin. Mon portable a sonné à 7h15. J'ai allumé la lumière, ai arrêté la sonnerie, ai éteint la lumière, me suis recouché, et n'en garde strictement aucun souvenir. Dé-chi-que-té.
À côté de ça, une orga comme je les aime, humaine et carrée. Aux Portes de l'Imaginaire, l'assoce qui gère le pôle rôliste et m'a invité sur l'event, fait les choses comme il faut. Du sérieux, du travail, de la bonne humeur, des procédures efficaces parce que simples, et de la confiance mutuelle. C'est comme ça qu'on bosse le mieux sur une conv. Résultat, leur stand dépote de chez pote. Y'a pas de secrets. Quand on fait les choses à la bien, ça fonctionne du feu de Dieu.
Les mercis
+ Merci aux Portes de l'Imaginaire pour l'invitation et la prise en charge complète. Merci également pour la bonne humeur et la culture nerd. J'ai pexé de malade sur le lore de Docteur Qui. J'en sais deux fois plus maintenant. Ouais okay, deux fois zéro ne font toujours que zéro, mais c'est quand même un progrès.
+ Merci en particulier à Laurent pour l'orga avant et pendant, à Agnès pour les véhiculages en navette spatiale, à Doryann pour l'accueil chaleureux.
+ Merci à Doryann et Quentin (de l'association PXL), qui ont mené du Sombre à leurs tables respectives durant ce week-end. Très fier de vous, les gars. Vous avez fait honneur à mon jeu.
+ Et merci à Carl. Un véritable plaisir que de bosser avec toi, copain.
Mon body count
15 parties, 77 joueurs, 78 personnages, 70 morts